• Sécheresse et gestion de l’eau : la crise est (presque) finie… jusqu’à la prochaine ?

    La Coordination pour la défense du Marais Poitevin dresse le constat de l'insuffisance des critères de gestion de l'eau. En l'état, ceux-ci ne permettent pas de garantir le bon état biologique du marais et il devient urgent de les renforcer.

    Sécheresse et gestion de l’eau : la crise est (presque) finie… jusqu’à la prochaine ?

    Fossé de marais en assec (région de Luçon).

    L’année hydrologique 2016-2017 a été marquée par une sécheresse prolongée, avec un très fort déficit pluviométrique dans la saison de recharge des nappes (2e des hivers les plus secs depuis les années 1950), tandis que l’été a lui-même été assez sec.

    Sans surprise, la gestion estivale de l’eau est donc entrée en situation de crise, nécessitant l’intervention directe du préfet.

    À l’heure du bilan de cette gestion, quelles leçons peut-on en tirer, pour les années à venir, mais aussi à plus long terme compte-tenu des effets du changement climatique ?

     Une gestion administrative par indicateurs…

    Les indicateurs retenus par l’administration pour suivre l’évolution de la situation et étayer ses décisions de limitation des usages s’appuient sur l’observation continue du débit des cours d’eau d’une part, et du niveau des nappes d’autre part.

    Du point de vue officiel, la « bonne gestion » consiste donc à respecter les indicateurs préalablement fixés, c’est-à-dire à maintenir le débit des cours d’eau et le niveau des nappes au dessus  des valeurs qui conduiraient sinon à devoir suspendre certains usages de l’eau, et en premier lieu l’irrigation agricole.

    C’est l’exercice qui a été réalisé par l’Établissement public du Marais Poitevin et l’administration préfectorale, de manière à veiller à ne pas interrompre l’irrigation.

    … qui ne tient pas suffisamment compte de l’état des milieux

     Une telle gestion peut faire la preuve de son efficacité, du moins si l’on ne considère pas l’état des milieux pourtant durement impactés, avec des conséquences dommageables :

    - des assecs importants et précoces, nuisant aux cycles biologiques des espèces liées aux milieux aquatiques ;

    - l’impossibilité pour le marais mouillé de réalimenter le desséché alors que c'est son rôle ;

    - des difficultés pour les éleveurs (abreuvement et contention des animaux)…

    De fait, les indicateurs, tels qu’ils ont été fixés, ne permettent pas de garantir le bon état biologique du marais.

    Cette insuffisance s’explique simplement, hélas : les valeurs retenues, a priori d’ordre technique, sont en réalité le fruit d’une négociation dans laquelle un intérêt économique dominant prime sur tous les autres.

    Un rééquilibrage est nécessaire

    Il faut remettre de l’eau dans le marais, et une eau qui circule, même en été.

    C’est essentiel :

    - pour la vie de la faune et de la flore caractéristiques de ces milieux ;

    - pour redonner au marais sa fonction d'épuration de l'eau, ce qui suppose le renouvellement de celle-ci ;

    - et pour bien d’autres intérêts : paysager, touristique, etc.

    Comment  faire ?

    Chaque année, le bilan de la gestion donne lieu à une discussion avec les parties prenantes. Les indicateurs sont renégociés, laborieusement, et ils évoluent… à pas de fourmi.

    Il n’est plus temps d’attendre pour renforcer vraiment les indicateurs, afin de remonter les niveaux d’eau des nappes et préserver le débit des cours d’eau.

    Ce que nous savons du changement climatique doit nous y inciter : si nous ne sommes pas capables de bien « gérer » les crises actuelles, comment le ferons-nous lorsque que, selon toutes probabilités, ce qui est exceptionnel deviendra la norme ?

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