• Le passage du Gois et ses abords enfin classés !

    Publié au Journal Officiel le 4 novembre 2017, un décret du ministère de la Transition écologique et solidaire classe parmi les sites protégés du département de la Vendée l’ensemble que forment le passage du Gois, l’île de la Crosnière et le polder de Sébastopol (communes de Beauvoir-sur-Mer et Barbâtre). L’association Vivre l’île 12 sur 12 a tout lieu de se féliciter de cet aboutissement : consciente des menaces de dégradation qui pesaient sur le site, elle avait initié la démarche dès 1996. Elle a suivi et soutenu le processus de bout en bout, en veillant à ce que l’enlisement qui le guettait ne se réalise pas !

    Le passage du Gois et ses abords enfin classés !

    Le passage du Gois, chaussée submersible
    entre le continent et Noirmoutier (photo : Piso17  -  CC-BY-SA)

    Ce   classement intervenant au titre au titre de la loi du 2 mai 1930 sur les monuments naturels et les sites, est motivé par l’intérêt  historique  et le caractère pittoresque des lieux. Il  reconnaît la valeur remarquable d’un paysage né de la sédimentation et de travaux de poldérisation réalisés aux XVIIIe et XIXe siècles.

    Au cœur de cet ensemble, le passage du Gois, établi sur un haut-fond, relie l’île de Noirmoutier au continent en permettant deux fois par vingt-quatre heures la traversée de la baie de Bourgneuf. L'actuelle chaussée submersible, aménagée à partir de 1868 pour la rendre carossable, est jalonnée de balises refuges destinées à l'accueil de « naufragés » surtout victimes de leur imprudence.

    Une initiative de l'association Vivre l'île 12 sur 12

    La demande initiale de classement émane de l’association Vivre l’île 12 sur 12, qui l’adresse directement, en 1996, à la ministre chargée de l’environnement. Le Gois faisait à cette date l’objet d’une simple « inscription à l'inventaire » strictement limitée à la chaussée et aux balises, décidée en 1942.

    L’association réitérait sa demande en décembre 1998 à l’occasion d’une rencontre au cabinet du Premier ministre de l’époque, au cours de laquelle elle avait pu alerter sur les menaces que des projets d’aménagement faisaient peser sur le polder de Sébastopol.

    Sur instruction du Premier ministre, une première réunion de travail se tenait en décembre 1999 avec la Direction régionale de l’environnement des Pays de la Loire, concluant à la pertinence d’une procédure de classement, le site répondant de toute évidence aux critères requis par la loi de 1930. Un comité de pilotage présidé par le sous-préfet des Sables d’Olonne pouvait dès lors se mettre au travail. Mais en 2002, en moins d’une heure de réunion, le projet, « amalgamé à Natura 2000 et au schéma routier Nord-Vendée, vigoureusement attaqué par les élus et des agriculteurs noirmoutrins et bèlverins », se trouvait démantelé et réduit a minima, se désolait Vivre l'île : « Nous avons signalé à tous les ministres de l'environnement qui se sont succédé la nécessité de protéger le Gois. Tous ont été favorables à cette idée. Mais certains acteurs locaux réussissent à enrayer la procédure…»

    Loin de se décourager, Vivre l'île redouble d'interventions auprès des élus et administrations, remonte au ministère, puis rencontre sur le terrain, en 2006, l’inspectrice générale chargée d'évaluer la situation. Son rapport confirmera sans surprise l’intérêt patrimonial de ce site unique en son genre, appelant donc à poursuivre dans l’objectif du classement. Mais il fera aussi état – en termes diplomatiques – de la difficulté, à l’échelon local, de partager une vision globale de  la gestion et de l'évolution du site...

    Une si longue attente...

    Dix années venaient déjà de s’écouler depuis la demande initiale de Vivre l'île, et la perspective de travaux menaçant de défigurer le site n’était toujours pas écartée.

    À l’occasion du centenaire de la loi de 1906 (premier texte législatif « organisant la protection des sites et monuments naturels de caractère artistique »), une liste de 100 sites à classer est arrêtée. Le Gois y figure, et le  ministre  chargé  de  l’environnement  demande enfin au  préfet d’engager officiellement la procédure de classement.

    La relance effective du processus tardera pourtant, puisque il faudra attendre l’automne 2013 pour qu'un comité de pilotage soit réactivé et qu’une concertation élargie soit menée sur le dossier, dont le suivi incombe maintenant aux équipes de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL). Il en résultera une proposition de périmètre de classement étendu par rapport au projet initialement centré sur le « passage du Gois et ses abords » ; on parlera désormais du site « passage du Gois, île de la Crosnière et polder de Sébastopol ».

    La commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS) approuve le projet à l’unanimité  en janvier 2015, à l’issue d’un débat dans lequel la crainte d'un impact éventuel sur les projets de renforcement des digues incluses dans le périmètre et l'opposition d'agriculteurs au classement des parties terrestres ont été particulièrement discutés. Il en sera de même lors de l’enquête publique, heureusement conclue par un avis favorable, et qui permettra de plus à Vivre l’île 12 sur 12 de faire valoir la nécessité d’inclure dans le périmètre de classement la totalité du polder de Sébastopol, dont le marais de Cailla indispensable à son alimentation en eau.

    Du rôle capital des associations de protection de la nature et de l'environnement

    Il ne restait plus qu’à attendre la signature et la publication du décret… 21 ans après la première démarche de Vivre l’île 12/12. Cette dernière peut légitimement se féliciter de ce bel aboutissement obtenu au terme d’une si longue attente. Et elle ne manque pas de réaffirmer sa volonté d’œuvrer pour la sauvegarde de ces lieux, que tant de visiteurs apprécient chaque jour sans qu’ils se doutent du rôle capital joué par une association de bénévoles investis sans relâche au service de l’intérêt commun.

    Ténacité et patience font décidément bien partie des caractéristiques et qualités des associations de protection de la nature et de l’environnement !

     

    • Décret du 2 novembre 2017 portant classement parmi les sites du département de la Vendée de l’ensemble formé par le passage du Gois, l’île de la Crosnière et le polder de Sébastopol, communes de Barbâtre et de Beauvoir-sur-Mer
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