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Il y a 40 ans... une centrale nucléaire sur le littoral de la Vendée ?
Ouest-France consacre opportunément une pleine page à l'épisode qui, il y a 40 ans, aurait pu se conclure par l'implantation d'une centrale nucléaire sur le littoral de la Vendée. Retour sur la mobilisation des associations de protection de la nature et de l'environnement.
Ouest-France, 1er juin 2015.
La centrale projetée par EDF aurait eu une capacité de 4 000 à 6 000 mégawatts. Les critères d'implantation privilégiés supposaient le bord de la mer, pour le refroidissement de l'installation ; une disponibilité foncière de l'ordre de 200 hectares sans trop d'habitations « à proximité » et n'obligeant pas à un trop grand nombre d'expropriations. Au regard de ce dernier point, EDF n'aurait évidemment vu qu'avantage à pouvoir construire dans les zones forestières relevant de l'ONF, dont la DATAR recommandait cependant qu'elles soient préservées.
La distribution de l'électricité produite aurait nécessité la construction de lignes à haute tension dont le tracé aurait impacté les vallées de la Vie et du Jaunay. En outre, d'importants aménagements routiers auraient été à réaliser pour desservir le site d'implantation.
Trois sites étaient à l'étude : La Sauzaie, à Brétignolles-sur-Mer, la Gâchère et Mireille-Oasis, à Brem-sur-Mer et Olonne-sur-Mer, nous précise le bulletin spécialement édité en mai 1975 par l'Association pour la protection de la nature aux Pays des Olonnes (APNO).
L'association développait un argumentaire détaillé et bien informé sur les effets de la pollution radioactive sur la santé humaine ; sur les dangers des lignes à haute tension, leurs effets sur la santé et même sur les cultures. Elle s'intéressait aux possibilités offertes par des sources d'énergie de remplacement : la géothermie et le solaire.
Elle n'ignorait pas non plus les problèmes généraux posés par la filière nucléaire, ne manquant de pointer les faux arguments de l'indépendance énergétique ou de la création d'emplois. Elle dénonçait la perspective de rentrées fiscales promises aux communes et pouvant « amener les élus locaux à oublier le reste »... Et elle dénonçait le projet de société que dessinait le programme électro-nucléaire du Gouvernement.
Enfin, elle publiait la position de la Fédération française des sociétés de protection de la nature (aujourd'hui France Nature Environnement), laquelle, notamment :
- s'insurgeait contre « l'état de sous-développement notoire de la France en matière de protection de la nature et de l'environnement de l'homme » ;
- réprouvait « les modalités selon lesquelles s'est effectué le choix des sites d'implantation des centrales nucléaires à construire » ;
- déplorait « la caricature de consultation entreprise auprès d'assemblées régionales et de municipalités habilement alléchées par les "ristournes" fiscales inhérentes à de tels projets, dans la précipitation, et en l'absence scandaleuse de dossiers sérieux sur les conséquences immédiates et à long terme » ;
- refusait « l'option officielle destinée à maintenir une croissance énergétique galopante dans les trente prochaines années sur la base d'un développement effréné de l'énergie nucléaire ».
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L'opposition rencontrée par EDF en Vendée comme à Erdeven (Morbihan), Plogoff (Finistère), Ingrandes (Maine-et-Loire), Corsept (Loire-Atlantique), l'amena à concentrer ses efforts sur la basse Loire, où son choix se porta sur le site du Pellerin (rive sud de la Loire en aval de Nantes). Objet là encore de vives oppositions, jugé inacceptable sur le plan de la sûreté par les experts du Commissariat à l'énergie atomique et le Service central de sûreté des installations nucléaires, ce projet fut abandonné à son tour en 1983. EDF tenta alors de le transférer sur le site du Carnet, plus à l'aval, sans plus de succès : le projet fut définitivement abandonné en 1997.
Carte de la France nucléaire, publiée par le Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire d'après un document sur la localisation des centrales nucléaires du ministère de l’Industrie et de la Recherche de novembre 1974. Les sites vendéens envisagés y figurent (« site de centrale prévue dans les 20 prochaines années »).
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Tout projet de centrale nucléaire sur le littoral vendéen fut donc rapidement abandonné. Mais bien des questions posées à l'époque restent pleinement d'actualité, notamment quant à la manière dont se prennent les décisions publiques concernant de grands projets d'équipement ou d'aménagement, pour lesquels la concertation intervient généralement après l'annonce de la décision...
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Sources :
- Bulletin spécial nucléaire, Association pour la protection de la nature au Pays des Olonnes, mai 1975, 18 p.
- Conseil général de la Vendée, Procès-verbaux des délibérations, 27 février 1975.
- Electro-nucléaire, danger, GSIEN, éd. du Seuil, 1977, 60 p.
- Foasso (Cyril), Histoire de la sureté de l'énergie nucléaire civile en France (1945-2000), thèse de l'Université Lumière Lyon 2, 2003, 753 p.
« Noirmoutier : construction et protection d'un territoire face à la mer.Méthanisation : quand les riverains ne sont pas associés, les esprits s'échauffent... »
Tags : littoral, nucléaire, énergie
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